Salomé Kora, Mujinga Kambundji (Photo: athletix.ch)
Salomé Kora, Mujinga Kambundji (Photo: athletix.ch)

Mondiaux de Doha: Rien d’un mirage

L’inattendue médaille de bronze cueillie par Mujinga Kambundji (STB) sur 200 m aux Mondiaux de Doha (QAT) doit agir comme un déclic pour l’athlétisme suisse. L’exploit de la Bernoise n’a rien d’un mirage. Elle a prouvé que tout était possible, même sur la scène internationale, même en sprint.

« Avant, quand tu faisais du sprint, on te disait toujours c’est difficile, tu n’as presque aucune chance de faire une médaille ou même une finale. Je suis contente d’avoir pu montrer grâce au chemin que j’ai parcouru que c’était faisable », a souligné Mujinga Kambundji au lendemain de son exploit sur 200 m.

Grâce notamment à sa tête de gondole, Swiss Athletics peut forcément tirer un bilan plus que positif de ces joutes qataries, avec trois places de finaliste – soit l’objectif fixé – et neuf top 16 – donc deux de plus qu’escompté. Ces Mondiaux n’avaient pourtant pas démarré sous les meilleurs auspices, avec un triste premier jour de compétition au cours duquel une seule des sept athlètes en lice (la perchiste Angelica Moser/LC Zürich, 13e au final) avait franchi un tour.

Mujinga Kambundji a d’ailleurs elle-même vécu d’emblée une nouvelle cruelle désillusion, manquant la finale du 100 m pour 5 millièmes. On redoutait alors qu’elle revive le même cauchemar qu’aux Européens 2018 de Berlin, où elle avait terminé à trois reprises au 4e rang alors qu’elle pouvait espérer décrocher trois médailles. Mais la confiance fait désormais partie du vocabulaire de base de l’athleticus helveticus, qui a des certitudes.

« Quand j’ai dû quitter Mannheim (réd: où elle s’entraînait avec le coach Valerij Bauer) il y a deux ans, j’ai dû prendre mes responsabilités, et j’ai remarqué que c’était toujours une bonne idée d’avoir confiance en mes sensations. J’ai appris de mes erreurs, et je suis désormais bien plus mûre », a glissé Mujinga Kambundji, pour qui la route fut longue: « J’étais déjà la plus rapide en Suisse il y a dix ans. Mais j’étais consciente que mes chronos n’avaient aucune valeur hors du pays », a-t-elle glissé.

« J’ai toujours su rester réaliste. J’espérais disputer un jour des Mondiaux ou des JO, tout en sachant que j’étais loin du compte. J’ai progressé chaque année, en me rapprochant peu à peu des 11 secondes », une barre qu’elle a cassée lors des championnats de Suisse 2018 (10,95). « Mais la petite Mujinga n’aurait jamais pensé se retrouver ici avec une médaille autour du cou », a-t-elle concédé, comme pour rappeler que seul le travail peut mener au succès.

Fierté légitime
Avec un peu de réussite en plus, l’athlétisme suisse aurait même pu réussir une grande première en obtenant plus d’une breloque dans les mêmes joutes mondiales. Le quatuor Del Ponte-Atcho-Kambundji-Kora et Lea Sprunger (COVA Nyon) ont ainsi échoué à la 4e place, « celle du con » dixit la spécialiste du 400 m haies, malgré à chaque fois un record de Suisse. Avec le même sentiment de fierté légitime, au regard des chronos décevants réalisés avant de débarquer à Doha.

Certes, tout ne fut pas parfait, mais l’athlétisme suisse peut s’attendre à vivre de belles heures aux JO de Tokyo. Ses chef(fe)s de file seront prêt(e)s à en découdre, d’autres suivront leurs traces. « Julien (Wanders) sera plus fort d’ici un an », estime le coach national Louis Heyer. Ce sera sans doute aussi le cas du hurdleur Jason Joseph (LC Therwil/20 ans), qui a égalé son record national en séries avant de terminer 13e à Doha, de l’heptathlonienne Géraldine Ruckstuhl (STV Altbüron/21 ans), qui s’est classée 9e, d’Angelica Moser voire de la prodige Delia Sclabas (Gerbersport/18 ans).

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(ATS)